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Applis de rencontre : amies ou ennemies ?
Elles sont devenues incontournables dans la vie gay. Les applications de rencontre sont aussi populaires que critiquées, souvent à juste titre. État des lieux.
Les points à retenir
- Depuis la création de Grindr en 2009, les applis géolocalisées ont révolutionné la manière de se rencontrer entre gays.
- Si elles sont un outil apprécié et incontournable, les applis peuvent aussi générer de la frustration.
- Vous pouvez consulter un psychologue ou un addictologue si vous vous estimez être trop dépendant de ces applis.
La rencontre gay a évolué et de nouveaux usages de drague sont apparus. Les lieux de drague institués historiquement comme les bars, les discothèques ou les saunas ont cédé la place aux applications de rencontre spécialisées LGBT+.
À sa création en 2009, Grindr introduit une petite révolution dans le monde de la rencontre gay. Grâce à son système de géolocalisation, l’application permet de voir qui sont les personnes connectées les plus proches de soi en temps réel, où que l’on soit, de façon anonyme. Trouver des partenaires sexuels (ou amoureux) n’a jamais été aussi facile. Sa popularité dans le monde entier en a fait un outil incontournable pour les gays, dont le premier réflexe en arrivant quelque part est souvent de se connecter à Grindr pour voir qui se trouve autour d’eux.
Depuis, des concurrents ont vu le jour : Hornet, Jack’d, Scruff, Tinder (qui cible hétérosexuels et homosexuels), etc. Chacune de ces applis tente de se démarquer : certaines proposent d’autres services, comme des agendas de sortie ou des articles liés à la culture gay (Hornet ou Jock.life) ; d’autres sont spécialisées par type d’homme (Scruff pour les hommes poilus, Growlr pour les bears…).
Un supermarché du sexe ?
Un tel succès entraîne forcément des critiques. On a notamment reproché à Grindr de transmettre des données sensibles comme le statut VIH de ses utilisateurs à des entreprises tierces. À la suite de ce scandale, AIDeS a appelé à boycotter l’application. Au-delà de cet enjeu, c’est l’utilisation frénétique de ces outils qui pose problème. Ces applis feraient-elles plus de mal que de bien ?
Une étude publiée en 2018 montrait que Grindr génère de la frustration chez 77 % de ses utilisateurs et Tinder, 56 %. En cause, la brutalité de certains échanges, qui donnent l’impression d’un supermarché du sexe, où sont avantagés les physiques correspondant aux stéréotypes et aux canons d’une certaine beauté : musclés, blancs, avec un sexe « XXL ».
Plusieurs comptes Instagram dénoncent en particulier la discrimination dont certains peuvent être victimes sur les applis, à l’image du compte p(ersonnes)racisées_vs_grindr.
Les applications peuvent être un lieu de discrimination. On a vu trop souvent des profils qui disent ne pas vouloir « de gros, d’Asiat’, de Noir », etc. Il est légitime d’avoir des préférences pour certains types d’hommes, mais afficher ses « préférences » avec un message négatif est blessant vis-à-vis de ceux qui sont concernés.
Si les applications ont une responsabilité évidente quant à la modération des propos de leurs utilisateurs, gardez à l’esprit que ces outils sont ce que vous en faites ! Respect et empathie doivent être la règle. N’oubliez pas que derrière chaque profil, il y a un être humain.
Si vous pensez être dépendant des applications de rencontre et/ou si elles sont synonymes de frustration, vous pouvez en parler avec un sexologue ou un addictologue.
Faites attention aux prédateurs !
Sur un autre plan, le succès des applis de rencontre attire aussi les prédateurs. Certains agresseurs s’en servent pour piéger leurs victimes.
Soyez donc prudent ! Prenez d’abord le temps de dialoguer avec la personne afin de vous faire une idée de sa personnalité. Et lors de la première rencontre, privilégiez un lieu public. Si vous vous rendez chez un inconnu, prévenez un ami du lieu où vous vous rendez et communiquez-lui les informations dont vous disposez sur la personne que vous êtes censée rencontrer.
Les agresseurs peuvent aussi être institutionnels. Dans les pays où l’homosexualité est illégale, les policiers utilisent parfois les applis pour piéger les utilisateurs. La prudence est donc plus que conseillée.
C’est le nombre d'utilisateurs de Grindr en 2017 dans le monde entier, avec environ 3 millions d'utilisateurs qui se connectent chaque jour.