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Gay et senior, un avenir à imaginer

Comment aborder la vie de senior sereinement quand on est un homme ayant des rapports sexuels avec un ou d'autres hommes (HSH) ? À quoi va-t-on faire face ? Comment s’y préparer ?

Temps de lecture : 5 min
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Les points à retenir

  • À partir de 50 ans, il est recommandé de faire particulièrement attention à sa santé et d’effectuer un suivi médical plus complet.
  • Ce suivi est encore plus important si vous êtes séropositif. 
  • Des associations comme GreyPRIDE offrent soutien et conseils aux seniors LGBT+.

Un parcours de soin adapté aux seniors, basé sur la prévention

Avec l’âge, prendre soin de sa santé devient encore plus important. Il faut être bien suivi afin de prévenir tout risque de maladie et, si besoin, traiter le plus tôt possible toute pathologie. 

À partir de 50 ans, il est recommandé de faire : 

  • une visite de contrôle annuelle chez le dentiste ;
  • une visite de contrôle annuelle chez l’ophtalmologue ;
  • un examen proctologique tous les deux ans ou tous les ans pour ceux qui vivent avec le VIH ou qui ont eu des condylomes.

Il faut également réaliser un bilan sanguin tous les deux ans :

  • pour contrôler son taux de cholestérol ;
  • pour vérifier l’état de ses reins ;
  • pour détecter un éventuel diabète.

Bon à savoir

L’Assurance maladie propose, tous les deux ans, un test gratuit de dépistage du cancer colorectal (diagnostiqués à 95 % chez les personnes de plus de 50 ans) à effectuer chez vous et à renvoyer par La Poste.

50 %
des séropositifs ont plus de 50 ans

En France, en 2016, 20 % des personnes qui ont découvert leur séropositivité au VIH ont plus de 50 ans. 

Aujourd’hui, 50 % des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) auraient plus de 50 ans.

Les examens nécessaires pour les seniors vivant avec le VIH 

Vivre avec le VIH augmente le risque de développer certaines pathologies avec l’âge. Selon le Programme commun des Nations unies sur VIH/sida Onusida, les personnes de plus de 50 ans qui vivent avec le VIH ont ainsi jusqu’à cinq fois plus de risques de développer des maladies chroniques que les séronégatifs. Les comorbidités (maladies chroniques développées en plus du VIH) les plus fréquentes pour les porteurs du VIH sont : 

  • les maladies cardiovasculaires ;
  • le diabète ;
  • les maladies rénales ;
  • les tumeurs malignes.

Bon à savoir

Dans la population générale, le vaccin contre la grippe est recommandé pour les plus de 65 ans. Pour les personnes vivant avec le VIH, se faire vacciner contre la grippe est préconisé par les autorités sanitaires quel que soit l’âge.

Le développement des comorbidités peut être dû au temps passé avec la maladie. Si vous avez plus de 50 ans, cet aspect-là doit être particulièrement pris en compte lors de votre bilan médical annuel. Vous pouvez également consulter votre généraliste et vous faire dépister pour détecter une éventuelle comorbidité entre deux visites de contrôle. 

Bon à savoir

Les personnes vivant avec le VIH de plus de 65 ans ont trois fois plus de risques que les séronégatifs de développer une comorbidité.

Perte d’autonomie : vers quelles structures se tourner ?

Quelle que soit son orientation sexuelle, devenir dépendant avec l’âge peut s’avérer problématique. Pour les HSH, cela se complexifie : aujourd’hui, en France, il n’existe pas de structures d’accueil pour les seniors LGBT+. Pourtant, la demande existe. 

En 2013, Michèle Delaunay (alors ministre déléguée chargée des Personnes âgées et de l’Autonomie) a commandé un rapport à trois associations sur le vieillissement de la population LGBT+ et des personnes vivant avec le VIH. Une des recommandations de ce rapport était d’inclure dans la formation des soignants de la filière gérontologique et du secteur médico-social un module de sensibilisation à l’accueil des personnes LGBT+. Les choses avancent, mais prennent du temps. Pour preuve, une Maison de la diversité, un « habitat groupé LGBT+ centré hétérofriendly » proposé par l’association Les Audacieuses & les Audacieux, devrait enfin voir le jour en France en 2023. 

On passe toute sa vie avec des personnes qu’on a choisies. Pourquoi faudrait-il que cela change une fois qu’on est vieux ? ​​​​​​

Francis Carrier, de l'association GreyPRIDE.

 

Des associations en soutien pour se sentir moins seul

Pour de nombreux hommes gays et bi, la vieillesse est souvent synonyme d’isolement, voire, pire, de retour au placard à cause d’un environnement homophobe. Selon le rapport commandé par Michèle Delaunay, près de 65 % des personnes vivant avec le VIH déclarent vivre seules, contre 15 % dans la population générale. L’âgisme qui peut régner dans la communauté LGBT+ n’aide pas les seniors à se sentir à l’aise et libre. Leur sexualité est taboue.

Il existe aujourd’hui des associations qui permettent de mettre en contact les seniors LGBT+ entre eux. La plus connue est GreyPRIDE, à la croisée de plusieurs luttes : contre l’âgisme, le VIH, pour le respect de la sexualité et de l'identité des personnes âgées.
L’association se développe aussi en région, à l’instar des associations Basiliade, à Lyon et Bourg-en-Bresse, et Les Gais Retraités (LGR), à Paris. Elles se sont donné comme but de faire avancer les conditions de vie des personnes LGBT+. Mais elles créent aussi de la convivialité autour de rendez-vous réguliers, de voyages, de repas, de visites culturelles pour briser l’isolement, qui peut avoir des conséquences sur la santé mentale.