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Chemsex et slam : comment se protéger ?

« Plan chems », « plan planant », « no chems » : ces expressions sont devenues communes dans les conversations ou sur les applis de rencontre. Mais de quoi parle-t-on au juste ? Quelles précautions devez-vous prendre si vous utilisez des produits psychoactifs dans le cadre d’une relation sexuelle ?

Temps de lecture : 10 min
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Les points à retenir

  • Le chemsex n’est pas une pratique nouvelle, mais l’apparition de produits très addictifs a changé la donne.
  • Lorsqu’on a consommé des produits psychoactifs, il faut faire encore plus attention aux risques que l’on prend. 
  • Si vous devenez accro, de nombreuses structures et associations peuvent vous aider à vous en sortir. 

CHEMSEX ET SLAM, QU’EST-CE QUE C’EST ?

Le chemsex, c’est le fait de consommer des drogues (« chems » en anglais) dans un contexte sexuel. Le chemsex se distingue d’autres usages « drogue et sexe » parce qu’il est plus souvent associé à des pratiques extrêmes et à des conduites à risques (pénétrations anales non protégées, fist-fucking, partenaires multiples…).

Le chemsex est souvent pratiqué en groupe, lors de séances organisées et planifiées (ou « plans »).

Les produits consommés sont, la plupart du temps, des stimulants (excitants) comme la cocaïne, la MDMA, la méthamphétamine, la méphédrone, le GHB ou le GBL (le « G »), le crystal (ou « Tina »), les poppers... Depuis quelques années, de nouvelles drogues de synthèse appelées cathinones (3-MMC, 4-MEC…) sont également très utilisées.

Certains produits se consomment par ingestion, d’autres par sniff et d’autres encore par injection. Ils entraînent des sensations de désinhibition, d’excitation ou stimulent l’envie d’avoir un rapport sexuel.

Mais ces produits ont parfois des effets secondaires dévastateurs. Très addictifs, ils peuvent notamment provoquer des comportements compulsifs, des malaises, des pertes de connaissance, voire la mort.

Et le slam ? C’est une pratique du chemsex où les drogues sont injectées au lieu d’être fumées, avalées ou sniffées.

 

 

 

QUELS SONT LES RISQUES DU CHEMSEX ET DU SLAM ?

Le chemsex et le slam présentent plusieurs sortes de risques.

Les risques liés aux drogues elles-mêmes : 

  • addiction (devenir accro) ;
  • surdose/overdose ;
  • « bad trip » ou malaise ;
  • problèmes avec la police ou la justice (amende forfaitaire, arrestation, garde à vue…).

Les risques liés au sexe sous drogue :

À plus long terme, le chemsex peut aussi avoir des répercussions sur l’équilibre personnel :

  • dépression ;
  • perte de l’estime de soi ;
  • isolement social ;
  • perte d’emploi ;
  • problèmes financiers.

 

Bon à savoir

Le mot « chemsex » est interdit par les sites de rencontre. Certaines personnes utilisent donc des codes pour faire référence aux différentes pratiques :

- Chill, after ou group = partouze avec drogues ; 

- G & T = GBL/GHB et Tina (crystal meth) ; 

- GMTV = GBL, mephedrone, Tina (crystal meth), Viagra ;

- Planant, perché = chemsex ;

- Pharmacien, contact, revendeur = dealer ;

- Pins = aiguilles à injecter. 

Liste plus complète ici. À noter : le langage des applis évolue sans cesse et il est possible que ces codes changent. 

 

Chemsex : Comment limiter les risques ? 

Si vous pratiquez le chemsex, il est recommandé de prendre certaines précautions : 

  • si vous êtes séronégatif, vous avez la possibilité de prendre la PrEP (prophylaxie pré-exposition) ;
  • prévoyez en quantité suffisante des préservatifs, des gants en latex, des produits désinfectants et des dosettes de gel lubrifiant ;
  • si vous êtes séropositif, il est important d’être régulier dans la prise de votre traitement (TasP) ;
  • quel que soit votre statut sérologique, il est conseillé de vous faire dépister régulièrement pour le VIH et les autres IST.

Et aussi :

  • mettez à disposition des participants du matériel stérilisé (seringues, aiguilles, pailles) à usage unique, du coton et du désinfectant ;
  • désinfectez les sex toys après chaque utilisation.

Pour éviter les malaises et/ou les « bad trips » :

  • évitez autant que possible les mélanges entre différentes drogues et/ou les mélanges avec l’alcool ;
  • proposez de l’eau en bouteilles individuelles et mettez à disposition de quoi prévenir les hypoglycémies (boissons sucrées, par exemple) ;
  • en cas de malaise léger, isolez la personne dans un endroit calme, rassurez-la et faites-lui boire quelque chose de sucré.

Bon à savoir : en cas de malaise grave ou d’overdose : mettre la personne en PLS et appelez immédiatement le 15.

Retrouvez tous les conseils d’AIDES pour pratiquer un plan chemsex en toute sécurité.

 

 

Chems : attention au consentement

Dire non alors qu’on a pris des produits n’est pas simple. Pourtant, le consentement, est la base d’une relation épanouie entre hommes.

Lauren Smith, 27 ans, est professeure de psychologie à la Leeds Beckett University et auteure d’une étude publiée dans The Journal of Sex Research sur le consentement et la prise de produits. Selon elle, pour celui qui a pris des chems, le consentement n’est pas aussi clair, libre et éclairé que la normale.

Il est donc préférable d’être en état de pouvoir enregistrer de nouvelles informations, d’évaluer les risques et les conséquences et, bien sûr, de pouvoir communiquer sa décision.

Si vous êtes victime d’un viol, allez déposer plainte. Si vous ne le pouvez pas ou ne le voulez pas immédiatement, n’hésitez pas à vous tourner vers une association ou à appeler un numéro dédié, comme le 39 19, pour vous faire conseiller (thérapeute, dépistage IST, etc.). Si vous assistez à un viol, mettez-y fin, portez secours à la victime et offrez-lui votre soutien en l’encourageant à se faire aider par des professionnels.

 

 

Que faire si vous êtes accro ? 

L’usage de drogues, en particulier associées au sexe, peut rendre accro. Même s’il est possible de limiter les risques liés au chemsex et au slam, la dépendance peut avoir des effets négatifs sur votre vie.

Vous sentez que vous accordez de plus en plus de place au chemsex ? Qu’il vous éloigne de votre cercle amical ou familial ? Qu’il a des répercussions sur votre moral et votre santé physique ?

Il existe de nombreuses associations et centres qui peuvent vous aider à faire le point sur votre situation et vous proposer un soutien :

  • Le 190 (Paris) : ce centre de santé sexuelle a mis en place la première consultation dédiée au chemsex et reste le centre de référence sur le sujet ;
  • AIDES : l’association propose un numéro d’urgence WhatsApp (07 62 93 22 29) pour ceux qui pratiquent le chemsex, ainsi qu’un groupe Facebook (Info chemsex by AIDES), un guide à télécharger et des groupes de parole ;
  • Le Checkpoint (Paris) : ce CeGIDD propose une écoute et des conseils sur les questions de santé sexuelle, de prévention, de chemsex, d’addictions… ;
  • Le Spot Beaumarchais (Paris) et le Spot Longchamp (Marseille) : ces structures ouvertes par AIDES proposent des consultations, et des groupes de parole et d’autosupport consacrés au chemsex ;

 

Devez-vous prendre un TPE ?

Vous venez d’avoir un rapport sexuel non protégé ? Voici un questionnaire rapide et anonyme pour savoir si vous devez aller tout de suite aux urgences demander un traitement post exposition (TPE).
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